miguel a. garcia (split & duo)

LALI BARRIERE & MIGUEL A. GARCIA - espejuelo (Nueni, 2013)
espejuelo est le deuxième disque publié par le nouveau label d'Hector Rey, un label consacré aux explorations soniques (exception faite du drone, de l'ambient et des field-recordings). Il s'agit d'une suite de quatre pièces (improvisées je pense) réalisées par Miguel A. Garcia (table de mixage) et Lali Barrière (objets amplifiés). Par rapport à tout ce que j'ai pu entendre de ces deux musiciens, il s'agit de loin de leur oeuvre la plus calme et la plus étrange. Garcia fait craquer sa table avec des ondes carrées, quelques bruits blancs légers surviennent de temps à autre, et pendant ce temps, Barrière frotte des objets, elle fait doucement passer des microcontacts dessus pour obtenir des sons vraiment étranges, très quotidiens mais complètement inattendus. Tout est joué à un volume très bas, il y a beaucoup de silence, et les sons apparaissent comme très quotidiens.

Dit comme ça, ça peut avoir l'air chiant, et pourtant Miguel A. Garcia et Lali Barrière proposent ici une expérience vraiment peu commune. En utilisant des sons banals et quotidiens (y compris les larsens qui ne sont pas loin du bruit généré par des appareils électriques quelconques) à faible volume, le duo espagnol questionne aussi l'écoute quotidienne dans la mesure où tout se confond. On est constamment en train de se demander ce qui sort des haut-parleurs et ce qui provient de notre environnement, ce qui nous amène à tout écouter différemment, un phénomène et une expérience que j'apprécie toujours. Evidemment, l'usage du casque et l'écoute trop forte sont déconseillées pour ne pas passer à côté de cette atmosphère singulière. Très bon travail en tout cas.

MIGUEL A. GARCIA & XAVIER LOPEZ - rojo (Uzusounds, 2012)
Après des publications de Vomir, Karkowski, Kelly Churko, Julien Ottavi et Noish (et j'en oublie), le label uzusounds publiait en 2012 un mini-cdr du duo franco-espagnol de Miguel A. Garcia (électronique) et Xavier Lopez (électronique). Les deux musiciens pratiquent l'électronique de manière brute, archaïque et primitive. Il s'agit d'improvisations électroacoustiques pour tables de mixage bouclées sur elles-mêmes, sans un set de 15 pédales. Lopez & Garcia jouent avec les parasites et les larsens de manière simple : de la pure noise, ni harsh, ni wall, ni power, ni quoique ce soit, juste de l'improvisation libre faite à base de larsen. Le duo joue sur les différentes textures, sur les différentes dynamiques, mais aussi sur le silence et les volumes très faibles. On a du larsen, du larsen brut qui ne paraît pas passer par des filtres et des effets, juste les parasites tels quels pour former une pièce improvisée de 20 minutes. C'est frais et précis, les deux musiciens n'en font ni trop ni pas assez, et ils gèrent les tensions comme le son avec justesse et originalité.

Ca vaut la peine d'y jeter une oreille, et pour ça, il y a un téléchargement gratuit ici : http://archive.org/details/miguel_a_garcia_and_xavier_lopez-rojo

MIGUEL A. GARCIA & OIER IRURETAGOIENA - Sohorna (Obs, 2013)
Sohorna est un split sur lequel on trouve quatre courtes pièces de Miguel A. Garcia (électronique et field-recordings) plus une longue de Oier Iruretagoiena (électronique). Cette dernière est une longue pièce proche du drone. Iruretagoiena a composé pour sohorna une piste monolithique et linéaire, il utilise une texture abrasive, grave et dense, proche de la noise et de l'ambient, qui ne bouge presque pas. Il s'agit d'une pièce statique et immersive, qui fait vraiment son effet, très bon travail.

Quant aux quatre pièces de Garcia qui forment la suite intitulée subsuelos, il s'agit également de pièces orientées vers la noise et l'ambient, dans un territoire pas très éloigné du drone. Ces quatre morceaux ne sont pas aussi statiques et monolithiques, mais Garcia compose ici sa musique avec des enregistrements d'espaces vides, il met en dialogue la résonance de différents espaces vastes et fermés avec des larsens bruts toujours. Ainsi, Garcia compose des territoires sonores marqués par le bruit, l'espace, et les ruptures de dynamiques. Un bon disque en somme.

STAR TURBINE/MIGUEL A. GARCIA & VALENTINA VUKSIC - Unknow Spaces/Live at Radio Ruido, NYC (A Beard of Snails, 2013)
Pour finir ce post, une casste split qui regroupe le duo danois Star Turbine sur la première face, puis le duo Miguel A. Garcia & Valentina Vuksic sur la seconde. Pour leur Live at Radio Ruido, le duo Garcia/Vuksic propose trois extraits teintés de harsh noise et de power electronics, mais forcément, en plus minimaliste et lo-fi. Le duo joue sur du larsen pur, accumule des bruits blancs et des fréquences basses, et provoque parfois des beats proches du speed-core/gabber. C'est généralement assez fort et intense, mais les textures sont tout de même réduites et appauvries, ce qui fait le charme et l'originalité de cette performance je trouve. On a l'impression que le duo veut recréer la puissance et l'intensité du harsh noise, mais en utilisant des éléments beaucoup plus bruts et archaïques, et ça marche plutôt bien à vrai dire. 

Quant au duo Star Turbine, composé du Danois Claus Poulsen et du Norvégien Sindre Bjerga, tous deux à l'électronique, il propose également une suite de trois pièces de durée moyenne. De l'expérimentation sonore pure avec cette fois-ci moults effets, mais toujours assez lo-fi. Star Turbine combine les effets numériques cheaps, les objets amplifiés, les micro-contacts et le bruit pur pour une suite de trois pièces abstraites, crades, dures et froides. Exigeant et dur.