SEC_ - Outflow (Den/Heart & Crossbone, 2013) |
Sur ce solo récent, le compositeur et improvisateur napolitain enchaîne une suite de sept pièces qui jouent principalement sur les collages. SEC_ paraît mélanger indistinctement l'improvisation et la composition ici, car si certaines structures sont à peu près claires, c'est quand même un sacré foutoir à l'intérieur. SEC_ multiplie les bandes bouclées, les nappes de synthé, les larsens et compagnie. On sent que des éléments sont préprogrammés, mais une grande liberté semble être laissée à l'intérieur du programme. Dès lors, SEC_ n'y va pas de main morte : collage de bruit blanc, de manipulation de bandes préparées, d'ondes diverses, larsens, le tout passé aux multiples effets analogiques et numériques sans que l'on puisse vraiment faire la distinction, et puis SEC_ joue lors du mixage sur le coupage et les ruptures. SEC_ fait inévitablement penser à eRikm et Jérôme Notinger, pour son sens du collage très rapide et virtuose, ainsi que pour son utilisation très détournée du Revox. Mais ce qui est vraiment saisissant, c'est l'aspect très physique de ces manipulations. Il s'agit de musique concrète ou électroacoustique jouée avant tout avec le corps, le musicien napolitain fait pleinement corps en effet avec son dispositif - ce à quoi l'élément principal, le Revox, se prête pleinement en même temps. Et puis il y a aussi toutes ces parties pulsées et rythmées, des ambiances indus et noise qui ne sont pas sans évoquer Wolf Eyes. De l'improvisation électroacoustique bien noise, bien industrielle, bien forte, et bien maîtrisée en somme.
Bref, SEC_ est peut-être une des figures les plus intéressantes qu'il m'ait été donné d'entendre dans l'improvisation électroacoustique récente. C'est extrêmement puissant, c'est physique, c'est recherché, c'est brut et dur, c'est intense, c'est très bien composé, c'est vraiment du bon travail. Saisissant.