JEROME NOETINGER & SEC_ - Testacoda (Bocian, 2012) |
Quand deux personnes de cette envergure se rencontrent on en attend beaucoup, et ça ne marche pas toujours. Mais là, aucune déception, Noetinger & SEC_ proposent une musique comme on peut l'espérer de cette rencontre. Des boucles, des cris, de la radio, du larsen, le tout passé, manipulé et repassé sur bandes de Revox, avec irruptions brusques de bruit blanc, de nappes numériques, etc. Les bandes magnétiques, point de rencontre organique entre les deux musiciens, sont traitées de manière très active, très physique. Toute la puissance de ce disque vient à mon avis du fait que l'on ressent clairement la manière dont ces bandes sont traitées : avec les mains. Noetinger & SEC_ ne prennent pas leur Revox avec des détours, ils le prennent à bras le corps, prennent les bandes à la main, les stoppent, les ralentissent, modifient leur parcours, etc. S'ils devaient s'approcher d'instrumentistes, ce serait des batteurs : un jeu direct, sans détour, brut et primitif. Et c'est cette pratique brute que l'on ressent dans toutes ces textures typiques des bandes magnétiques et de l'analogique, dans ce collage hyperénergique et survolté, dans cette créativité rude et cette énergie violente.
A partir de deux enregistrements de Noetinger et SEC_, l'artiste napolitain a monté deux faces d'une musique puissante, énergique, faite d'hommages à la musique concrète, à l'indus, au gabber même parfois, à la noise aussi et à la musique improvisée. De l'improvisation électroacoustique comme on en redemande : un collage brusque et sans concession de manipulations magnétiques, de larsens et de bruits, un collage dense, éprouvant, violent et intense, avec de nombreuses ruptures et quelques passages pulsés. Conseillé.