Trapist - The Golden Years

TRAPIST - The Golden Years (Staubgold, 2012)
La plupart des lecteurs de ce blog connaissent surement déjà Trapist, le trio composé de Martin Siewert (guitare, électronique), Joe Williamson (basse) et Martin Brandlmayr (percussions). Un trio assez rock, très influencé par le réductionnisme et la musique électronique minimaliste viennoise. Car s'il s'agit de rock ou de post-rock, il ne faut pas oublier non plus que c'est réalisé par un contrebassiste qui provient de l'improvisation libre, un guitariste qui vient de la musique expérimentale électroacoustique, en plus d'un membre de Polwechsel à la batterie. On ne s'étonnera donc pas que certains aient pu dire que "si Cage, Tudor et Feldman avaient formé un groupe de rock", ça aurait donné Trapist... 

Je n'avais jamais écouté ce trio en fait avant cette publication (CD et LP) qui est leur troisième en dix ans. Apparemment, le rythme de publication est aussi épuré que leur musique... Car la musique de Trapist joue beaucoup sur l'épuration, la répétition et l'abstraction. Trapist livre quelques riffs composés d'un accord, un accord qui se dilate jusqu'à ne former plus qu'une nappe électronique. Et il en va de même pour tous les instruments : des accompagnements simples qui s'épurent au fur et à mesure des pistes jusqu'à s'approcher du silence comme par exemple à la fin de la deuxième piste où on n'entend plus que quelques harmoniques à la contrebasse et une caisse claire au rythme divisée par quatre. De manière générale, Trapist propose des morceaux assez lents, avec quelques mélodies répétitives, aux accents mélancoliques et sombres, accompagnées de quelques incursions bruitistes à l'électronique. Et chacune des pièces tend progressivement vers l'amenuisement et l'épuration : elles semblent toutes destinées au silence et au minimalisme quelque soit le départ - qui peut également être le silence comme sur la dernière piste...

Avec quatre courtes pièces, Trapist propose une sorte de post-rock version noise et minimaliste très intime, mais aussi très personnel. C'est sensible, extrêmement précis, bien construit, les atmosphères lyriques et le son recherché sont vraiment intéressants, les développements sont exigeants et radicaux, mais ça reste facile d'écoute. Bref, conseillé.