MIGUEL A. GARCIA & NICK HOFFMAN - Vile Cretin (Intonema, 2013) |
Je viens d'écouter une bonne demi-douzaine de disques de Miguel A. Garcia ou avec lui, et après toutes ces écoutes, si j'ai bien un disque à conseiller parmi tous ceux qu'il a pu sortir l'année dernière, c'est sans aucun doute cette collaboration. Hoffman & Garcia proposent ici une suite de quatre pièces très sombres, bien barrées, qui ne ressemblent à rien si ce n'est à la BO d'un film d'épouvante expérimental et sous acide. On retrouve bien sûr de l'électronique brut, des field-recordings décalés, des objets amplifiés, mais dans une ambiance sombre beaucoup plus prononcée et forte. Les musiciens qualifient eux-mêmes cette musique comme de la "dark electroacoustic music". Je ne peux pas dire mieux : une suite de nappes obscures, des enregistrements d'espaces qui paraissent désaffectés quand ce ne sont pas des insectes ou autres sources incongrues, des interventions inquiétantes, une ambiance pesante ; tout est là pour faire flipper, pour menacer sans agresser, pour peser. Et c'est vraiment réussi. On ne sait pas où on est, comment c'est fait, pourquoi, vers où ça va, ni rien. Hoffman & Garcia composent leur musique pour créer des atmosphères lourdes de menaces, d'angoisses, mais aussi et surtout d'humour. C'est décalé, sombre, et crade : mais très bien fait, car c'est peut-être la spécialité de ces deux musiciens de jouer sur les aspects bruts, sales, et obscurs de la musique.
Miguel A. Garcia & Nick Hoffman produisent avec Vile Cretin une musique drôle et inquiétante, sale mais minutieuse et travaillée. Une sorte de musique électroacoustique grotesque proche du roman noir, où on ne sait pas trop si l'on doit rire ou vraiment flipper. Un voyage obscur et sous acide dans des territoires soniques bruts et uniques. Conseillé.