[mikroton]

MARGARETH KAMMERER - Why is the sea so blue (Mikroton, 2013)
Comme le dit le label, Margareth Kammerer continue d'explorer avec Why is the sea so blue les chansons dans un contexte expérimental. En réalité, si tous les musiciens sont issus des musiques improvisées et expérimentales, cette suite de neuf chansons est tout de même bien plus proche de la chanson que de l'expérimentation sonore. Aux côtés de Margareth Kammerer (voix, guitare), on retrouve Christof Kurzmann (voix, saxophone), Axel Dörner (trompette), Burkhard Stangl (vibraphone), Werner Dafeldecker (contebasse), ainsi que Big Daddy Mugglestone aux percussions et Marcello Silvio Busato à la batterie, sur quelques titres.

Vu comme ça, quand on retrouve quatre des membres les plus importants du réductionnisme et de l'echtzeitmusik (Kurzmann, Dörner, Stangl et Dafeldecker), on s'attend à quelque chose de très abstrait. Mais la musique de Kammerer n'a rien d'abstrait, et rappelle plutôt les excursions pop de Kurzmann (the magic i.d - groupe auquel a participé Kammerer, ou el infierno musical). Sur des accompagnements musicaux jazzy avec tout de même une large part de nappes sonores un peu abstraites qui évoquent le post-rock, Kammerer seule ou en duo avec Kurzmann propose un chant lyrique, sobre, intime, et un tantinet froid. Il y a un côté Art Bears dans cette ambiance parfois un peu sombre et froide proche du film noir, mais le tout est réchauffé par le côté un peu swinguant (même si le swing est bien lent) des instrumentistes.

Comme pour The Magic I.D., on retrouve les longues notes, les pauses, la superposition du chant harmonique et des instrumentations atmosphériques. En plus, le son a été superbement traité et est d'une qualité irréprochable. Avec cet album, Kammerer propose une suite de neuf chansons vraiment agréables, personnelles et belles. Des chansons aux ambiances très variées, souvent lentes et sombres, mais parfois assez chaleureuses ou colorées avec un accompagnement musical discret mais très inventif. Vous voulez de la pop de qualité, une sorte de post-rock décalé proche du jazz et de l'electronica, en voilà de très bonne qualité.

HANNO LEICHTMANN - Minimal Studies (Mikroton, 2013)
Le label russe mikroton propose un autre album assez "pop" cette année, un disque intitulé Minimal Studies, composé et réalisé par Hanno Leichtmann (système modulaire, synthétiseur basse, guitare, ebow, orgue, sampler, signal processors) - avec des participations discrètes de Boris Baltschun (electric pump organ), Sabine Ercklentz (trompette), Kai Fagaschinski (clarinette) et Alex Stolze (violon).

Ce n'est pas de la pop à proprement parler bien sûr, mais il s'agit d'une relecture assez populaire de la musique minimaliste. Une lecture proche de la house et de l'ambient (sans les beats donc), où Hanno Leichtmann met en boucle des synthés avec quelques mélodies jamais dissonantes. Dix pièces minimales de moins de cinq minutes la plupart du temps, qui ne sont pas sans rappeler l'ambiance de Fennesz ou de Fabio Orsi par moments. Une version electronica du minimalisme où tout l'intérêt est concentré sur le son, sur les nappes sonores et l'interaction entre les différents modules (analogiques pour la plupart dirait-on). Comme de la house proche de l'installation sonore, ou comme du minimalisme moins exigeant que d'habitude, la musique de Leichtmann s'écoute assez facilement et propose une version plutôt fraîche du minimalisme dans les musiques électroniques.