colin webster

COLIN WEBSTER - Antennae (Gaffer, 2013)
Le label français gaffer, plutôt spécialisé dans le free jazz et le power free/free noise, propose ici en format cassette le premier solo d'un jeune saxophoniste basé à Londres : Colin Webster. 18 improvisations plus deux remixes, pour une durée totale d'une trentaine de minutes à peine. CCes quelques vingt improvisations sont donc très courtes, mais elles s'enchaînent et sont continues, et on ne distingue pas les changements de morceaux. Colin Webster, aux saxophones alto, ténor et baryton, évolue sur des terrains assez similaires, qui s'enchaînent très bien les uns aux autres. Pour donner un ordre d'idée, je dirais que son jeu se situe entre celui de Mats Gustafsson et celui de John Butcher. D'un côté le baryton est prépondérant, Webster l'utilise avec énergie, intensité et profondeur, et d'un autre côté il utilise beaucoup de techniques étendues abstraites et purement sonores. Avec ce premier solo Colin Webster mélange le cri du saxophone avec l'abstraction des slaps et du bruit des clefs. On n'est jamais dans le free pur et une musique maximale, énergique et intense, mais on n'est jamais non plus dans l'abstraction pure et la recherche totalement sonore.

Colin Webster propose quelque chose d'assez consensuel je trouve en fait, du free un peu abstrait mais pas trop, une sorte de musique réductionniste un peu énergique mais pas trop. Résultat ? ce n'est ni vraiment puissant, ni vraiment profond - au niveau de l'intensité de jeu et du développement d'un langage sonore propre.

DEAD NEANDERTHALS - ... And it ended badly (Gaffer/Raw Tonk, 2013)
Initialement, Dead Neanderthals est un duo composé de René Aquarius à la batterie et d'Otto Kokke au saxophone baryton. Pour ce CD publié par gaffer et raw tonk, le label de Colin Webster, ce dernier (toujours aux saxophones) s'invite dans cette joyeuse partie intitulée ...And it ended badly.

Ce projet est purement free, enfin free comme on l'entend aujourd'hui, le free tel quel Gustafsson et d'autres ont pu le propager. C'est à dire que c'est puissant, violent et intense, que c'est rock aussi et jamais très éloigné de la noise. Il n'y a d'ailleurs qu'à écouter la batterie qui n'hésite pas à donner dans les patterns hardcore, ou les saxophones qui sont le plus souvent en train de hurler comme des guitares saturées et distordues. Et même s'il y a bien sûr des phases plutôt calmes, même un peu mélodiques, elles ne sont là que pour amorcer un crescendo, pour annoncer un climax toujours au centre de l'improvisation. Car oui, avec Dead Neanderthals, l'important est de jouer viscéralement, avec ses tripes, de taper, de souffler, vite, toujours plus vite, fort, toujours plus fort, et de se concentrer avant tout sur l'énergie du trio.

Et avec ces six improvisations, l'énergie, elle y est, la violence aussi - une violence non-agressive, sûre d'elle et sereine en quelque sorte. Les Dead Neanderthals proposent avec ce disque six morceaux vraiment puissants, énergiques et intenses, qui tiennent la route je trouve. On pense facilement à Zu, à The Thing, et à d'autres trio de power free et de free noise, ce n'est pas forcément original, mais c'est très bien fait, avec conviction, avec de la personnalité et du caractère, et avec les tripes. Bon travail.