ANTOINE BEUGER - 24 petits préludes pour la guitare (Wandelweiser, 2013) |
Il s'agit de 24 pièces de moins de quatre minutes, composées à chaque fois d'une poignée de notes arpégées, genre entre trois et six peut-être. A l'intérieur, beaucoup de silence, et une absence de narration, d'où l'impression très forte d'être en face d'une oeuvre linéaire et unique, et l'impossibilité de distinguer le début et la fin de chaque prélude. Tout est joué dans le registre médium, à un volume constant, et à un tempo très lent. La réalisation de Montecino est vraiment bien je trouve car il met en avant une des propriétés sonores fondamentales de la guitare (et c'est peut-être celle qui a intéressé Beuger pour écrire ces préludes) : l'attaque assez forte des cordes et un enrichissement harmonique aussi rapide que la disparition de la note. Avec cette réalisation, on a l'impression d'être dans une sorte de rêve où tout paraît vaporeux et fantomatique : les notes surgissent d'un coup, s'enrichissent en son, et disparaissent subitement. Rien n'est constant, rien n'est fixe, tout paraît évanescent et fuyant, et c'est ce qui fait le charme de ces préludes je trouve.
Ceci dit, il faut encore trouver et prendre le temps d'écouter ces préludes. Car il s'agit tout de même d'une suite très monotone de plus d'une heure de guitare acoustique. C'est donc assez exigeant d'une certaine manière. Mais bon, il s'agit d'une suite tout de même très poétique, belle et subtile, qui ressemble en certains points (silence, registre minimaliste, etc.) à de nombreuses publications Wandelweiser, mais qui possède néanmoins cette touche propre à Beuger et qui fait son originalité : une recherche constante de la beauté dans des phrases minimalistes, d'une beauté extérieure aux notes et aux timbres. Beau travail.