HANS ESSEL - Saitensack (Telemark, 2013) |
Mais bref, passons à Saitensack. Le titre de ce vinyl provient d'une technique de jeu pour violon et violon alto que Hans Essel a mis au point. Une technique qu'il a utilisé sur les deux performances (datant de 1994 et 1999) présentées sur ce disque (excepté sur deux courtes pistes). Deux choses semblent importantes pour Essel : faire chanter le violon, le faire jouer de manière autonome, et le rapprochement entre les résultats de sa technique et la cornemuse. Cette technique saitensack correspond à une pression très forte de l'archet, ainsi qu'à des mouvements rapides, et à l'utilisation de parties réduites de l'archet (le haut, le bas, etc.). Le résultat, des improvisations très tendues où des mélodies étranges et fantomatiques surgissent du bruit du frottement. C'est ça laisser jouer le violon. Hans Essel écorche les cordes du violon et de l'alto en exerçant une pression très forte, et de cette pression ainsi que de l'énergie mise dans le mouvement surgissent des mélodies et des notes incontrolables. Mais toujours, Hans Essel se situe dans un territoire étrange fait de notes et de bruit, où les notes proviennent du bruit, où les deux sont intimement entremêlées. On peut penser à une sorte de version très énergique d'Angharad Davies, ou à du Leroy Jenkins en plus extrême, mais ce subtil mélange de notes et de bruit est tout de même unique et très personnel.
Hans Essel a su développer un langage unique ici, un langage très exigeant à cause d'une tension et d'une énergie constante, d'un son très brut et très dur. Mais ça a le mérite d'être unique, d'être puissant et innovant ; et pour ça, ça vaut le coup d'oreille je pense.