COSTIS DRYGIANAKIS - Blown Into Breeze (autoproduction, 2013) |
Les sources sonores sont très variées, et sont la plupart du temps sur support analogique je pense (cassette et bande magnétique). Avec tout ce matériel sonore, Costis Drygianakis assemble, colle, édite et compose au final une grande symphonie sonore très abstraite composée néanmoins de sons instrumentaux principalement. Avec Blown Into Breeze, le compositeur grec propose aux auditeurs une plongée vraiment immersive dans le son, dans le son des instruments et dans des atmosphères intimes et personnelles. Toutes les sources, même et surtout si elles sont idiomatiques, sont éditées et assemblées de manière à se déparer de leur signifiance pour n'être plus que du son pur, au même titre qu'une composition abstraite réalisée par ordinateur.
Drygianakis a composé ici une symphonie grandiose et monumentale, une symphonie purement sonore, avec des textures très riches et variées, des écarts de dynamiques et d'intensité très forts. La structure des pièce est basée sur des évolutions narratives qui progressent selon des critères d'abstraction et d'immersion, ou d'intensité et de volume. On va du calme épuré avec une seule voix au gros collage monumental avec une dizaine de sources assemblées pour former un cluster et une masse sonore nuageuse et énergique. Les sources sont reconnues par moments avant d'être noyées dans un nuage acoustique.
Une composition vraiment belle, riche, fraiche, et étonnante. Drygianakis a élaboré son propre langage (qui m'a un peu fait penser à Karren d'Olivia Block pour le peu que je l'ai écouté), une sorte de musique concrète acoustique, une nouvelle musique concrète où les instruments sont au premier plan, mais pour des qualités purement sonores et atmosphériques. Puissant, détonant, intelligent, et frais surtout. Conseillé.