Kim Myhr - all your limbs singing

KIM MYHR - all your limbs singing (Sofa, 2014)
Sur six pièces pas très longues, Kim Myhr propose avec all your limbs singing une approche singulière de la guitare, une guitare acoustique à 12 cordes, sans préparations ni effets cette fois. Je n'ai jamais vraiment suivi le travail de ce guitariste avec assiduité, pour moi, c'était surtout quelqu'un qui faisait de l'improvisation libre, basée sur le timbre et les techniques étendues. Ce premier solo est donc une vrai surprise. Car Kim Myhr n'utilise ici aucune préparation, il joue de manière traditionnelle, tonale même, et rythmique, et ça ne paraît pas vraiment improvisé non plus : un solo à l'inverse de ce que j'attendais, et tant mieux à vrai dire.

Kim Myhr propose ici six pièces qui sont  autant d'univers propres. Chaque pièce, selon sa tonalité, sa base rythmique, son rapport au silence, et selon encore d'autres paramètres, chaque pièce donc possède son caractère propre, son atmosphère, son ambiance particulière. De manière générale, l'univers de Kim Myhr est assez linéaire, sans rupture ni accroc, avec de temps à autres quelques excursions dans des territoires improvisés atonaux, mais un univers calme, posé, sûr de soi, romantique et simple. Le guitariste explore son instrument à travers la composition, il développe les possibilités atmosphériques et sonores de l'instrument à travers tel ou tel mode harmonique, à travers tel ou tel pattern rythmique, tel ou tel accord, etc. Car la guitare à 12 cordes est en soi déjà très dense, il n'y a pas besoin d'en faire des caisses pour produire et explorer un univers sonore riche. Du coup, à partir de bases simples, Kim Myhr explore son instrument avec une précision et une rigueur nécessaires à l'épanouissement sonore de l'instrument. Une guitare acoustique, qui, au contraire de ce à quoi l'on peut s'attendre, se révèle ici très riche au niveau sonore : il y a d'un côté de nombreuses résonances par sympathie comme sur un piano, et l'ambitus augmenté permet de développer des textures sonores variés.

Bref, Kim Myhr développe sur ce solo un langage très personnel, comme j'en avais jamais entendu. D'accord l'instrument est déjà singulier, mais l'approche (qui peut faire penser à une sorte de Sugimoto en plus dense et moins éthéré) de la composition et de l'instrument est vraiment originale. Une belle surprise.