Au début des années, les improvisateurs dits réductionnistes, ou pas, ont multipliés les improvisations mixtes pour instruments et électronique, c'était l'apogée des sine waves et des nouvelles formations d'eai (improvisation électroacoustique) qui ont fleuri sur tous les continents. Une dizaine d'années plus tard, l'aventure continue avec certains musiciens qui explorent toujours ce riche filon où instruments et outils électroniques ou non instrumentaux (musicaux) sont sur un pied d'égalité.
Ainsi, Birgit Ulher et Gregory Bütnner publient aujourd'hui leur deuxième duo, intitulé Araripepipra, après un mini-CD édité il y a quelques années. On trouve la première à la trompette, radio, haut-parleurs et objets, et le second à l'ordinateur, objets, ventilateurs, et haut-parleurs. Le duo pratique de l'improvisation libre non-idiomatique fortement concentré sur le timbre. Il s'aventure sur des territoires sonores toujours surprenants, des territoires abstraits et bruitistes, ni forts ni faibles, ni lisses ni abrasifs. Il s'aventure dans des sons juste nouveaux. Ulher et Büttner fabriquent une musique qui craque, qui bipe, qui résonne longuement ou claque sèchement. Des souffles, des percussions, des longues tonalités très aiguës et des bruits indistincts se mélangent pour former un dialogue riche de sons frais. L'écoute est attentive, l'attention au son et l'inventivité sont de la partie, c'est fin, précis, et beau. Oui, il s'agit d'eai, ou de post-eai comme on dit maintenant, ou même de réductionnisme comme on dit toujours, bref de l'improvisation libre électroacoustique, ni noise, ni intense et volubile, de l'improvisation pas si spontanée mais réfléchie, de l'improvisation créative avec des textures toujours neuves et une faculté de dialoguer soniquement bien établie.
BIRGIT ULHER & GREGORY BÜTTNER - Araripepipra (CD, Hideous Replica, 2014) : lien