Giuseppe Ielasi

Giuseppe Ielasi est pas mal connu pour ses innombrables masterings de musique électronique sur tous types de format. Mais il est également reconnu comme un guitariste et musicien électronique accompli depuis maintenant une quinzaine d'années. L'année dernière, cet artiste milanais a inauguré une série de cd-r autoproduits très courts sur lesquels il présente différentes facettes de son travail en solo. Vous trouverez ici les chroniques des deux premiers volumes.

GIUSEPPE IELASI - (or a set of models) (2013)
Pour (or a set of models), Ielasi propose une courte suite d'une vingtaine de minutes composée de douze vignettes sonores qui durent entre trente secondes et 4 minutes 30. Réalisées en une journée, ces miniatures présentent chacune un objet/ustensile usuel et quotidien capté par un microphone et travaillé en direct sur un Revox. On est loin de la musique concrète, et la musique de Ielasi n'a rien d'asbtraite non plus. Ces vignettes forment des paysages sonores très musicaux en fait, des paysages soit rythmiques, soit à moitié harmoniques ou mélodiques. Ielasi ne se contente pas de révéler certaines caractéristiques sonores d'objets non-musicaux, il va beaucoup plus loin et travaille des sons non-musicaux de manière à révéler une musicalité propre à ces sons et ces objets. A partir d'une abstraction et grâce au Revox, Ielasi compose douze belles pièces abstraites d'une certaine manière, mais qui font toute preuve d'une grande musicalité dans le contenu. Très beau travail, intriguant, ingénieux, bricoleur et envoutant, qui démontre encore une fois la maîtrise totale du son de Ielasi.

GIUSEPPE IELASI - untitled (DC motor) (2013)
Quant à la première publication de cette série, elle pourrait être présentée par un simple question : vous êtes-vous déjà imaginé le son que rendrait un moteur s'il était contrôlé par un LFO défaillant ? J'imagine que non, et moi non plus, mais en tout cas, c'est la question que s'est posé Ielasi et à laquelle il a répondu pour nous. Le LFO (oscillateur de basse fréquence) est le signal de base des synthétiseurs analogiques, mais ici, le signal électrique est envoyé dans une machine à courant continu et est transofrmé en énergie motrice. Le résultat ressemble à un moteur chaotique et plein de variation, avec des bruits proches de la céramique parfois, proches de la pierre et d'autres minéraux, mais aussi de plastiques entrechoqués à intervales irréguliers. Il n'y a qu'une pièce de vingt minutes, avec deux éditions différentes du même enregistrement sur chaque enceinte. Cette fois, il ne s'agit pas tant de musicalité que de recherche beaucoup plus pragmatique et expérimentale. Il y a un aspect vraiment pratique et bricoleur fou dans cette pièce qui ressemble plus à une installation sonore qu'à une composition. Tout l'intérêt réside dans l'exploitation des défaillances électriques chaotiques et dans la transformation du signal (de l'électricité simple à l'énergie motrice, mais également dans l'édition des deux canaux de diffusion). Une pièce dure et austère, mais encore plus intriguante et pragmatique.