DUPLANT/CHAMBEL/KELLY - (winter pale) red sun (Eh?, 2014) |
Il s'agit d'une sorte de long drone de quarante minutes. Je pense que ce disque a du être initié par Duplant qui a du commencé par une longue piste principalement basée sur un orgue trafiqué. L'orgue pose ici une longue nappe qui semble parfois ralentie, parfois mise en boucle, parfois distordue, une sorte de nappe agitée par des transformations électroacoustiques momentanées. Par-dessus cette nappe omniprésente et fondamentale, Chambel & Kelly glissent des sons plus abrasifs, pas forcément plus forts ou plus violents même s'ils le sont par moment, mais plus durs tout de même, des fréquences qui se mélangent jusqu'à obtenir des frottements corrosifs. Le trio propose une sorte de musique en plusieurs strates qui forment une sorte de drone pas chiant. On a d'un côté, à la base, une sorte de bourdon électroacoustique basée sur l'orgue et ses transformations, et de l'autre, des interventions bruitistes simples et discrètes qui se placent en contrepoint et donnent vie et relief à ce drone atypique. Une musique dure, continue bien sûr, qui reste sur le même territoire, mais sur un terrain tout de même très accidenté par les interventions noises de Chambel et Kelly.
Drone, larsens, manipulations électroacoustiques, effets analogiques, on se croirait parfois dans un territoire proche de Kevin Drumm, mais bien sûr avec des sonorités différentes dues aux trois personnalités et bien sûr au fait qu'il s'agisse ici d'un trio à distance, ce qui contribue à séparer encore plus nettement les différentes couches. Du bon travail en tout cas.