Shift - Altamont Rising [LP/CD]

SHIFT - Altamont Rising (Cold Spring, 2014)
Dans une chronique sur deux, j'utilise la catégorie noise, ou je parle de bruitistes. Moins souvent, mais ça revient de temps à autre, je parle d'indus ou de power electronics. Pourtant, je ne crois pas avoir encore chroniqué un seul artiste qui soit clairement affilié à ces scènes. Je vais donc commencer avec Shift, un groupe originaire de Suède et aujourd'hui basé en Angleterre, un projet qui oscille clairement entre le power electronic (PE), l'indus et le hardcore. 

Vous l'aurez compris, l'heure n'est pas à la rigolade. Shift s'inspire ici de festivals qui ont marqué l'apogée et la fin du rock (Woodstock et Altamont). Au cours des morceaux, il semblerait qu'on en entende des extraits, des extraits d'un public en furie souvent. Mais c'est pas évident de distinguer, car tout est furie dans Shift. C'est brut, sauvage, animal, gras, lourd, sombre et malsain. Rythmiques martiales, indus et minimales, hurlements sludge/hardcore, parasitage électronique constant (plus des enregistrements étranges de pleurs), le tout saturé au maximum. Sans aucun doute, on est dans la plus pure tradition du PE avec ces boîtes à rythmes et cette voix en larsens. Mais du PE sûr de lui, du PE organique, avec une atmosphère très particulière qui se tient. Shift n'a pas besoin de toujours bouger, une idée sonore suffit pour chaque morceau. Une rythmique et c'est parti : le chant-hurlement peut évacuer toute la haine, la souffrance et la douleur du monde. A quoi 

Car les hurlements de Shift, aigus, nerveux, viscéraux, et perçants, n'ont rien à envier aux groupes de HxC. Shift hurle toute la noirceur du monde à lui tout seul - dans une ambiance proche du black métal comme le montrent aussi ses mises en scènes live. Shift, c'est du PE misanthropique comme le prévient le label Cold Spring, du PE noir, industriel, mais surtout d'une puissance et d'une force redoutables. Car Shift envoie l'auditeur par terre de par sa puissance sonore, et le plombe où il est de par sa noirceur. C'est un des meilleurs disques de noise et de PE que j'ai entendu depuis longtemps, mais ça ne peut plaire qu'aux amateurs je pense. 

[je ne regarde plus trop l'orientation politique et idéologique des musiciens, mais les milieux nihilistes et underground harsh et PE peuvent parfois laisser à désirer à ce niveau. bref, tout ça pour signaler le nom un peu douteux de l'initiateur de shift, kommando reinhardt, après, savoir à quel degré faut le prendre, c'est toujours le même problème. néo-nazie ou nihiliste provocatrice, sa musique défonce en tout cas]