KEVIN DRUMM - sans titre (Perdition Plastics, 1997) |
En effet, on est assez loin des drones à l'électronique ici, même si la dernière pièce laisse entrevoir la direction que prendra KD par la suite. Sur ce premier disque, KD joue de la guitare à la Keith Rowe j'ai envie de dire, mais un Keith Rowe aui aurait avalé beaucoup de metal auparavant. Il s'agit de guitare préparée, d'un disque fameux de guitare préparée, qui évoque plus l'instrument électrique que l'instrument à cordes. La guitare est ici remplie d'objets, elle est frottée, triturée, malmenée, agitée beaucoup plus que pincée. Quand on entend les cordes, c'est comme par accidents. Kevin Drumm joue sur les textures et les silences, joue sur les volumes et les couleurs. Il n'y a pas vraiment de forme, juste une énergie et une inventivité brutes qui envahissent la guitare. Il s'agit d'explorer ici tous les parasites et les accidents propres à cet instrument, de composer avec l'inouï et l'inconscient de la guitare. Pour ce faire, KD malmène cette dernière par le biais magnétique parfois, sinon par la secousse physique et la résonance de l'instrument entier, mais aussi par l'action sur les auxiliaires indispensables que sont les câbles et l'ampli.
Aucune pédale ne semble utilisée ici - hormis sur la dernière et magnifique pièce qui a des accents ambient-drone-rock genre Oren Ambarchi - la recherche est brute, primitive et archaïque, mais tout de même inouïe. Kevin Drumm délivre ici sept pièces bruitistes crades et malsaines, où le silence et la puissance se taillent une place de choix, où le repos est régulièrement suivi d'une attaque sonore, non pas harsh, mais tout de même forte. Sept pièces de recherches instrumentales dérangées, sombres, dures, exploratrices et extrêmement innovantes. Recommandé.