LORIS - The Cat from Cat Hill (another timbre, 2009) |
La musique de Loris ressemble fortement à de l'improvisation post-AMM. Il s'agit de trois improvisations électroacoustiques qui jouent sur les faibles volumes, l'espace, et les textures abrasives. Des improvisations faites de longs sons continus, circulaires et linéaires. Voilà pour la forme, qui n'est pas le plus intéressant ici. C'est plutôt le contenu que je trouve remarquable. Le trio a su chercher et trouver des sons uniques : des cithares qui ressemblent à des harmoniques de saxo, des cassettes mises en boucle, des peaux de percussion mises en résonance de manière très simple, délicate et discrète, des micro-contacts et des diamants de platine effleurés, le tout avec un sens de la musicalité impressionnant. Le trio utilise beaucoup d'objets quotidiens ou naturels, il y a un grand sens de l'abstraction, mais en même temps, il sait toujours quand il faut retourner aux choses concrètes. On est alors parfois dans du son pur, dans une immersion totale dans des sons inouïs, et tout d'un coup, une mélodie au piano nous ramène à la surface, ou une rythmique aux cassettes. Le trio manie avec une grande justesse l'équilibre entre l'abstraction la plus austère et la plus inventive d'un côté, et un retour momentanné à des éléments musicaux concrets simples mais tellement efficaces. Car l'opposition entre les deux approches renforcent chacune de ces attitudes : l'éloignement de tous repères musicaux traditionnels, comme le recours volontaire à des éléments très simples, voire élémentaire, issus des canons de la musique populaire, renforcent l'aspect sensationnel de chacun, c'est leur opposition qui les met en valeur.
Loris propose ici une musique comme on en entend rarement. Une plongée dans l'abstraction sonore la plus pure, la plus belle mais aussi la plus inventive, entrecoupée de remontées à des surfaces musicales délicates et équilibrées. Un savant mélange d'abstraction bruitiste minimaliste et de musicalité simple et intense. Conseillé.